Extrait du journal

• Un drame qui. n'a été provoqué ni par l'intérêt, ni par la jalousie, mais seulement par la colère et un peu par le hasard, a ensanglanté une petite bou tique d'épicerie-fruiterie-liquoriste, 24,' rue Véron. Ce petit commerce avait été acheté par les époux Bisson, le mari, 45 ans, et sa femme Georgette, 38 ans, à la suite d'un événement qui était survenu peu après leur mariage. Armand. Bisson, qui était plombier, se blessa un jour par. accident et obtint pour son infirmité une pension viagère. Il décida de s'ins taller et prit le fonds de commerce de la rue Véron. C'est à partir de ce mo ment que le drame d'hier couva lente ment. Armand Bisson, pour augmenter les revenus du ménage — qui n'étaient du reste pas insuffisants puisqu'aux gains du petit commerce s'ajoutaient les ap pointements de la fille de Mme Bisson* Andrée, 17 ans, employée comme sténo dactylo dans une maison de commerce — se mit à faire du colportage aux Halles. Pour exercer sa fonction, il se levait tous les jours à deux heures du matin, «t rentrait à midi ; mais, soit qu'il eut de mauvaises fréquentations, soit que l'effort physique l'altérât, il rentrait complètement ivre. IT s'ensuivait de pénibles scènes, de cris et de violence, pendant lesquelles il menaçait sa femme, la jeune fille et même il allait jusqu'à maltraiter la mère de sa femme, une toute petite vieille de 87 ans. Les choses allaient ainsi, mais la violence écœurait la pauvre famille qui masquait de son mieux aux regards des voisins les excès de l'ivrogne, afin de sauvegarder ce qu'il lui laissait de di gnité. Cependant, le commerce même qu'il tenait poussait Bisson à boire puisqu'il n'avait qu'à tendre la main par-dessus son comptoir pour saisir une bouteille. Il n'y manquait point. (.LA SUITE EN QUATRIEME PAGE)...