Extrait du journal

tout m’accusait, tout me condamnait. Peutêtre auriez-vous pu avoir, même alors, plus de pitié pour votre a ncien ne a m i e. U ne fata lité était contre nous, conspirant contre mon bonheur el si j’ai pleuré bien souvent, c’était de me savoir injustement méprisée par celui dont l’estime m'était plus que tout précieuse. — Je vous en conjure une fois encore, pardonnez-moi et oubliez cette heure mau dite. J’ai été lâche envers vous, mais j’avais tant soufiei’t et si vous saviez... — Je sais tout, j’ai tout deviné, tout appris. Puisqu’un hasard nous met encore une fois en face l’un de l’autre, je vous jure, M. de Kouesnon, que je ne fus jamais un seul instant indigne de votre amitié, que je puis vous regarder sans rougir et que mainte nant, comme autrefois, je n’ai pour vous, je n’ai jamais eu ni rancune ni haine. — lit c’est vous qui vous disculpez, lors que c'est moi, moi seul, qui mérite qu’on l’accuse! Oui, j’ai été fou, mais cette folie même prouve ia violence de cet amour que rien n’a pu vaincre, et la punition a été terrible. Vous avez sou fie ri et pleuré : j’ai peut-être souffert plus encore et mon dé sespoir a été horrible. Ali1 j’ai cruellement expié mon crime! — Vous n’étiez pas coupable, sinon de m’avoir trop vite mal jugée, d'avoir oublié que je ne suis pas de celles dont le cœur se donne deux fois, de m’avoir crue coupable d’une trahison et d’une infamie. Mais il ne pouvait en être autrement. — Vous n’avez, me disiez-vous, ni haine ni rancune, et j’ai perdu le droit, te perds l’espoir d'obtenir davantage. — Que voulez-vous dire?...