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Le Petit Marseillais, 14 avril 1895

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Le Petit Marseillais
14 avril 1895


Extrait du journal

plus étaient les membres du clergé rentés et prébendés. Il arriva ce qui arrive toujours dans ces sortes de conflits. D’un côté, on ne vit que les prélats scandaleusement enrichis qu’il fallait ramener à la pauvreté évangéli que, et, de l’autre , on regarda cette mainmise sur les biens ecclésiastiques comme la spoliation des malades et des indigents. On avait à la fois tort et raison des deux côtés. Il y avait des fortunes scandaleuses et des libéralités prodigieuses. Si on en juge par ce qu’on a vu depuis, et cela n’est que juste, on doit croire que le clergé répandait en fondations et en aumônes la plus grande partie de ses revenus. Aujour d’hui, il n’a plus à sa disposition cette immense fortune des anciens temps. Sa dotation même a été réduite. Il ne reçoit de l’Etat que des traitements dérisoires. Le casuel qui s’y ajoute suffit tout au plus aux besoins de la vie, et pourtant les prêtres, n’ayant plus rien, trouvent encore le moyen de donner. Dans les villes et surtout dans les campagnes, le presbytère est une maison de charité. Tantôt on y répand les aumônes qu’on a reçues ; et tantôt, c’est sur le nécessaire du curé qu’on fournit des aliments aux orphelins et des remèdes aux malades. Cela ne peut se nier, ni se compter. Indépendamment des aumônes cou rantes, il y a les fondations, dont il est moins difficile de supputer les bienfaits. Petits séminaires, petites écoles, hôpitaux, dispensaires. De grandes compagnies sont occupées uniquement à faire le bien: les Sœurs de Saint-Vincent-de-Paul, les PetitesSœurs des pauvres, et tant d’autres moins connues, qui couvrent la sur face de la France. L’argent coule sur les indigents par toutes ces mains bienfaisantes. Les adversaires des con grégations peuvent critiquer la façon dont elles donnent, mais la conti nuité de leurs dons est indiscutable. La bienfaisance, qui pendant long temps a pris la religion pour organe, s’est exercée peu à peu à faire le bien par elle-même. Des institutions se sont fondées en dehors de toute pensée religieuse, ou du moins de toute pensée professionnelle. On a créé des écoles laïques, des dispensaires, des hôpitaux laïques, des hospices. Le nombre de ces fondations s’est accru d’année en année : il tend à devenir extrêmement important. Chacun peut en juger par ce qui se passe autour de lui. Certains noms sont arrivés à la publicité sans l’avotr cherchée. Je citerai M. Chauchard, M"' FurtadoHeine, la duchesse de Gai liera, qui a donné à la ville de Paris un dispensaire modèle, M™* Le Baudy qui a donné 450.000 fr. à l’œuvre du Sauvetage de l’enfance. Celte môme œuvre a reçu 200.000 fr. de M°,e Foye-Paris, 50,000 fr. de Mm* Davenne. J’ai tort de citer quelques noms puisque je ne puis les citer tous ; mais j’ai besoin de les citer pour ma démonstration. Le comte de Chambrun vient de fonder le musée social qui lui a coûté quinze cent mille francs. Par qui sont fondées et entre tenue les hospitalités de nuit qui se répandent à Paris? Par des donateurs laïques, dont personne ne connaît les opinions religieuses ou philosophi ques.On connaît seulement leur cœur. Je devrais citer aussi les ateliers fondés sur le principe de la participa tion aux bénéfices. M. Charles Robert en est l’apôtre ; il n’y a pas de moine plus exclusivement attaché à sa voca tion. Jai demandé depuis longtemps, et on a commencé à faire des annuaires de la charité : annuaire de Paris, annuaire de Lyon, de Marseille. Même mouvement dans le monde de l’intelligence. La France n’a plus rien à envier à l’Amérique. On peut juger de la transformation de nos mœurs à cet égard par ce qui arrive à l'Institut. 11 commence à être gêné par ses richesses. Un membre de l’Institut est un membre de Bureau de bienfaisance. En cette année 1895,c’est-à-dire depuis...

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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