Extrait du journal

COURRIER* Le projet d'adresse du corps législatif est sous les yeux de nos lecteurs. Nous B'avons pas.la pensée d'en examiner aujourd'hui tous les détails ; mais, bien qu'il contienne de bonnes paroles en faveur des libertés en général, il aurait dû désigner avec plus de précision et réclamer avec plus d'énergie les libertés politiques, qui sont un des premiers besoins de notre civilisation. N'avait-il pas à réclamer le rapport de la loi de sûreté générale? ' N'avait-il rien à dire de la liberté de la presse î jN'avait-il pas à s'expliquer sur la liberté électorale et sur la liberté du corps législatif lui-même? Ce sont ces libertés qu'un homme d'esprit a appelé avec raison les libertés nécessaires à un peuple. Est-ce qu'il n'y avait rien de plus à dire sur l'onéreuse expédition du Mexique, qui nous a déjà coûté tant d'hommes et de mil lions? Le projet aurait dû être plus explicite, par ticulièrement sur cette expédition, dont le terme est indéterminé. Les aspirations pacifiques des rédacteurs ont-elles bien choisi leur moment ? Est-ce que, dans les circonstances actuel les, il sied aux représentai de la France d'exalter la Russie, de la remercier d'un ser vice qu'elle.nous aurait rendu ? Convient-il de: glorifier un gouvernement qui ordonne et encourage les cruautés des de Berg et des Mourawiew? En admettant qu'à l'époque de la guerre d'Italie la Russie ait eu pour nous un bon procédé, n'était-elle pas dirigée par deux mobiles? , D'un côté, elle saisissait avec empresse ment l'occasion d'user de représailles en vers l'Autriche qui l'avait abandonnée ; De l'autre, elle remerciait Napoléon III d'avoir, par une saine appréciation de l'a venir, au risque de compromettre l'alliance anglo-française,. empêehé la destruction de la flotte russe dans la Baltique. Mais nous comprenons difficilement com ment la commission s'est attachée à un in cident secondaire, et en a témoigné une aussi grande gratitude, quand il, s'agissait de protester contre l'extermination d'une nation amie. La Pologne aussi nous a rendu des services. Ses soldats, jusqu'au dernier jour, ont com battu à côté des nôtres pendant les guerres du premier Empire. Leur sang a scellé l'al liance des deux peuples. Fallait-il oublier leur dévouement, leur invariable fidélité, pour ne se souvenir que d'une résolution dictée au czar par ses intérêts et ses rancu nes politiques? - ....