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Le Siècle, 12 janvier 1837

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Le Siècle
12 janvier 1837


Extrait du journal

minuer l'importance de ses moyens d'action, et rendre sa tâche plu* difficile et plus périlleuse. Toutefois, le ministère du 11 octobre posait lai-même alors des règles à la réaction qu'il entreprenait. Il ne voulait, disait-il, par la nouvelle organisation du jury, que frapper et détruire plus sûre ment les partis violens qui alimentaient les émeutes ; par les plus difficiles conditions qu'il imposait aut journaux, que supprimer la presse hostile aux institutions et à la royauté établies en 1830. Mais voilà qu'aujourd'hui cela ne suffit plus à l'emportement des passions du cabinet du 6 septembre. L'élément doctrinaire y est plus dégagé d'alliage ; il y domine avec plus d'empire ; il y est plus libre dans ses allures, réaction doit, avec lui, aller plus vite et plus loin -, il exa gère l'adion des lois de septembre qui, dans ses mains, deviennent des armes contre toute la presse opposante au système ministériel ; et, rencontrant quelque obstaclé à ses attaques dans le bon sens, la sagesse et l'indépendance des jurés, il trouve que les changemecs profonds faits & l'état du jury ne sont pas assez complets, et il pro voque une réforme qui, atteignant le fond même dé l'institution, donne toute satisfaction et assure un appui vigoureux au système réactionnaire. . Nous avons signalé avant-hier et hier les propositions faitesà cet égard parle journal qui représente la partie la plus active et là plus influente du ministère, qui exprime le mieux sa pensée dominante, puisque seul entre toutes les feuilles ministérielles il a approuvé et défendu la saisie faite, après délibération et par ordre du cabinet, de trois organes de l'opposition constitutionnelle. Ce journal,.pur doc trinaire, a commencé par déolarer que les bourgeois appelés à rem plir les fonctions de jurés, bons tout au plus à reconnaître un fait malériel, étaient complètement incapables de comprendre et'-d'apprécier une opinion politique. U en est arrivé ensuite à demander, par voie de conséquence et comme remède, que l'on retirât au jury la connaissance de tous les délits de presse. . Quelque téméraire que soit une pareille entreprise, il est permis de croire qu'elle peut être en effet dans la pensée secrète du parti qui domine dans le conseil, aussi bien que le'projet de suspension de la liberté individuelle, qa'an des zélés de la doctrine a essayé de produire dans la commission de l'adresse. Mais cette plus vive réaction contre le jury, qui est encore en pro jet, n'est destinée qu'à assurer eelle qui s'est déjà opérée contre la presse. La distance qui sépare sur ce point le ministère actuel de ceux qui l'ont précédé est établie par les faits. Le pouvoir donne maintenant aux lois de septembre une interprétation bien plus res trictive du droit de discussion que celle qui leur avait été assignée, devant les chambres et le pays, par les ministres du 11 octobre. En demandant eps lois, on déolarait qu'elles ne seraient employées qu'à protéger la royauté contre les attaques auxquelles elle était en butte; aujourd'hui elles doivent mettre les ministres à l'abri des critiques contre leur conduite, faites dans l'intérêt même de la con sidération et de la stabilité de la monarchie constitutionnelle. C'est là le but de la saisie des trois journaux. En vain, le parquet vient-il s'emparer de la lettre de la loi, et montrer qu'elle défend de faire remonter au roi la responsabilité des actes du gouvernement. L'esprit qui a présidé à la loi et le bon sens répondent que l'on a voulu défendre d'établir un fait pour s'en faire ensuite un moyen de battre en brèche la royauté ; mais que l'on n'a pas pu interdire aux amis de l'ordre etdes institutions monarchiques de constater un fait existant qu'ils déplorent et qu'ils reprochent aux ministres, seuls coupables , comme une causa d'affaiblissement pour la royauté. C'est là, c'est dans l'esprit et la pensée habituels du journal qu'est toute la question du procès qui nous est intenté ^les lois de septem bre peuvent atteindre une intention hostile, elles ne sauraient frap per, ni en droit ni en raison, une intention intimement favorable à nos institutions et sincèrement amie de la monarchie représentative....

À propos

Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.

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