Extrait du journal

du service. Les partis les plus désireux de s’as servir les fonctionnaires et de les transformer en agents électoraux à leur dévotion n’allaient pas jusqu’à afficher cette 'prétention sans détour,; ils se bornaient à accuser les fonctionnaires qui leur déplaisaient de faire de la politique et à soutenir que ceux qui les servaient n’en fai saient pas. Car c’était un principe universelle ment admis par tous les républicains même par ceux qui le transgressaient, que les fonction naires ne devaient pas intervenir dans les luttes politiques. En dehors des préfets et sous-préfets, qui sont en effet des agents politiques, des représentants de la pensée du gouvernement, soumis aux fluctuations des partis, l’immense majorité des fonctionnaires ne sont pas Je moins du monde au service d’un parti ni d’un ministère, mais du public. On parle quelquefois du « gouvernement qui les payé. » On commet une erreur. Ce n’est pas le gouvernement, au sens politique et parle mentaire du mot, qui les paye, c’est le contri buable. Le « premier devoir » d’un ingénieur des ponts et chaussées, d’un receveur de l’enregis trement, des douanes ou des contributions, d’un préposé des postes, d’un professeur ou d’un instituteur, n’est nullement de donner des gages à une politique quelconque, mais de rem plir ses fonctions avec tout le zèle, toute l’intel ligence et toute la courtoisie dont fi est capable. Et son avancement ne doit pas dépendre de sa docilité aux « directions politiques» de son pré fet, de son sous-préfet ou de son député, mais de sa valeur technique et professionnelle. Assu rément, il ne doit point faire d’opposition ni manifester d’hostilité au gouvernement, et les administrations ne sont pas faites pour servir de places de sûreté à des réactionnaires avérés. Mais la fidélité, la réserve et la discrétion sont tout ce qu’un gouvernement est en droit d’exiger des fonctionnaires non politiques. L’in quisition, les dénonciations, les procès dé ten dance sur les arrière-pensées présumées.de ces fonctionnaires sont à la fois indignes d’un pays libre, comme contraires à la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, et incompati bles avec une bonne administration, parce qu’un tel régime décourage les fonctionnaires de mé rite et ne favorise que les intrigants./■, Ce n’est évidemment pas là ce que souhaite M. le président du conseil, et la signification qui semble résulter des termes de sa circulaire outrepasse peut-être ses véritables intentions. Il serait bon, dans ce cas, qu’un débat éclaircît sa pensée et vînt rassurer les fonctionnaires et le public, dont les intérêts, qui sont solidaires, paraîtraient assez gravement menacés....