Extrait du journal

M. Henri Garnier, président de la Chambre de Commerce de Paris, vient d’adresser à tous ses - collègues de province une lettre où il rappelle « les seules solutions efficaces » de la crise actuelle : retour à l’équilibre budgé taire, réduction des dépenses’publi ques à 42 milliards, refonte de la loi sur les assurances sociales, réforme administrative et réforme fiscale. Le retour à l’équilibre est en effet indispensable. Nous en avons ici trop souvent exposé les raisons pour être tenus de les répéter. Le déséquilibre amènera fatalement l’inflation, et l’inflation amènera la ruine. Quant aux assurances sociales, si on les confie aux mutualités, elles ne coûte ront plus les sommes formidables que nous savons, et en même temps, les bénéficiaires en tireront un profit réel, ce qui n’est malheureusement pas le cas en ce’ moment Enfin, cesseront les scandales dont on a parlé hier à la tribune de la Chambre, et sur lesquels une commission va enquêter. : Pour la réduction des dépenses pu bliques à 42 milliards, elle ne peut, hélas ! être décrétée en une minute par le gouvernement. M. Daladier, au Sénat, proclamait, hier aussi, que les économies souhaitables n’étaient pas aisées. « Nous sommes tenus, disait-il, par des lois et des règlements 'dont il est difficile de s’affranchir ». En effet, supprimer- d'un trait de plume des textes législatifs est impossible. Mais ce qui est possible, c’est de mettre la réforme administrative et fiscale dès maintenant à Tordre du jour. Il n’y a pas de tâche plus urgente, si l’on veut maintenir la paix sociale. . Car c’est un . signe grave, cette pro testation des commerçants et des agri culteurs, jusqu’ici résignés et paisi bles, aujourd’hui prêts à la révolte. Il ne faudrait pas, sous prétexte que quelques excités se sont livrés à des manifestations regrettables, prendre tous les protestataires pour des émeutiers et des factieux. Ce sont des gens qui souffrent, et . qui désespèrent de relever leurs affaires. Les impôts les écrasent. Ils demandent un allège ment. Il est temps, tout juste temps, de leur donner. Le Parlement doit se mettre à la tâche le plus vite possible. Il a déjà opéré des réductions de dépenses, mais il n’a pas diminué les impôts. C’est ce qu’on attend de lui, c’est ce qu’on lui réclame, avec une ardeur qui commence à être inquié tante. Vite ! qu’il mette à l'étude la réforme, et vous verrez que, rasséré nés, les commerçants ne songeront plus à manifester. 6ALLUS....