Extrait du journal

n est temps, nous l'avons vu dans un précédent article, que le législateur s'occupe de restituer au troisième Pouvoir de l'Etat, le judiciaire, sa grandeur, son autorité légitime (1). Il est temps pour lui de s'atteler à la réforme du jury criminel, s'il veut que 1' « homme de la rue •, le justiciable puisse invoquer désormais sans sourire l'autorité de la chose jugée. Les jurés d'assises, instrumentes de cette souveraineté populaire dont le principe est la pierre d'angle de l'édifice démocratique, ont une tendance vraiment trop forte à oublier qu'ils sont, non point uniquement, mais surtout, les représentants de la société et ses défenseurs. Sévérité excessive pour les accusés, c'est semence d'erreurs judiciaires a dit Me Henri-Robert. Oui, mais pitié pour les malfaiteurs, c'est cruauté pour les gens de bien », répond M. Dupin, jurisconsulte et magistrat. Réfléchissez-y, voilà tout le débat. L'énervement de l'appareil répressif, en vertu d'une loi psychologique bien connue, provoque l'imitation et favorise la simulation. Lors d'une recente affaire de meurtre pour adultère, l'avocat de la partie civile a mis en évidence ce fait brutal qu'un acquittemen.t dans une cause analogue avait ouvert une affreuse série de plus de soixante-dix meurtres C'est bien la peine, vraiment, d'avoir tant de lois, tant de tribunaux, tant de gendarmée et tant de moralistes, pour rétablir au profit du premier venu le droit de se faire justice lui-même ) 1 Si l'on me demande, à moi, homme de la rue, Français moyen, dans quel sens je veux que la réforme du jury soit dirigée, je répondrai Conduisez-la de telle façon que l'autorité de la magistrature en sorte renforcée ». D'aucuns s'inscrivent pour le vote d'une loi stipulant qu'aucun meurtrier, quel que soit le motif de son acte, ne pourrait être acquitté. C'est un retour timide à la législation ^oiàïqûe, laquelle associait l'idée du châtiment mort à l'action meurtre, d'une façon absolue. Je ne demande pas qu'on remonte le cours de l'histoire, mais y a-t-il, songez-y, pire abomination que l'acquittement pur et simple, quand la mort a été donnée volontairement et avec préméditation ? Un criminaliste propose, lui, que le jury soit appelé seulement à se prononcer sur le bénéfice des circonstances atténuantes, ou pour mieux dire de l'excuse le criminel serait ensuite déféré au tribunal, aux fins d'être jugé pour meurtre excusé Voilà deux propositions à examiner, deux idées à cnnrfpr...