Extrait du journal

Avant de se séparer, le Parlement nous a donné nos œufs de Pâques : 5 milliards d’impôts en plus. Et de quels impôts nous a-t-on gratifiés ! Ils sont dis tribués au petit bonheur. Ah ! ce n’est pas l’art de plumer la poule sans la faire crier. Notre pouvoir d’achat diminue parce que- notre franc-papier baisse. Le franc baisse parce que la confiance dans le crédit de l’Etat est en baisse. La con fiance s abaisse parce que les mesures financières prises paraissent absurdes au monde entier. On pourrait s’amuser làdessus. si la matière n était pas si triste. A chaque loi qui défie le bon sens cor respond une hausse des prix. C'est le cycle infernal. C’est ainsi que le « pan talon » comme le « beurre » montent tous les jours. Le paysan, maintenant, consulte le cours de la livre avant de vendre ses produits. Quelle misère ! Voici les projets financiers votés et le budget en équilibre. Tout le monde s’at tendait à une amélioration des changes. Stupéfaction ! Il n’en est rien. Le public ne comprend pas. 11 faut lui apprendre à comprendre. L’équilibre budgétaire n’est pas tout. Il n’est pas l’assainissement financier. Il n’en est que le commencement. Au surplus, lorsque le budget a été établi, la livre était à 110. Peut-on dire alors que l’équilibre est assuré? Comme la hausse des prix suit la hausse de la li vre, les fonctionnaires, les employés et les ouvriers réclament le réajustement des traitements et salaires. Le redressement financier exigera d’autres sacrifices. Ce n'est pas avec les impôts qu’on peut espérer assurer la Trésorerie. Les projets votés ne pré voient pas Vamortissement de la dette vis-à-vis de la Banque de France, 80 millions par mois. Les engagements pris par le ministère Poincaré vis-à-vis des banques anglaises et américaines exigent, en 1926, le paiement de 1 mil liard 700 millions au cours du change, pour lequel aucune ressource n est pré vue. Ce sont donc 2 milliards 500 mil lions à trouver. La grosse faute, c’est l atermoiement apporté à 1 assainissement financier. Chaque Français, en ce moment, a dans sa poche un plan d’assainissement des fi nances publiques. Il y a même des pro jets, qui sont présentés par des techni ciens, qui sont bons. Le gouvernement, seul, n’en a pas. Au moins, il n’en a encore apporté aucun qui soit un plan d’ensemble, capable d’empêcher le franc de tomber plus bas. Il attend le rè glement de nos dettes de guerre avec l’Amérique et l’Angleterre. Il mûrit des projets d’amortissement de la dette flot tante. Mais nous attendons toujours qu il fasse connaître ses desseins. En attendant, on assure la Trésorerie au jour le jour. L’année dernière, ce fut 15 milliards d’inflation. Nous payons cette politique...