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La Petite République, 1 février 1910

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La Petite République
1 février 1910


Extrait du journal

payer, des travaux à faire non seulement pour réparer le désastre, mais pour en prévenir d’autres analogues. Faudra-t-il un milliard, deux mil liards ? Qu’importe ! La France est assez riche pour un tel emprunt, qui sera dix ou vingt fois couvert, sans même qu’elle ait besoin d’ouvrir ses guichets aux souscripteurs étrangers. Pour gager l’emprunt, qu’un certain nombre de centimes additionnels soient imposés aux contribuables dont les quotes dépasseront un chiffre à déterminer et nul, j'imagine, ne récriminera contre un supplément de taxe qui servira à répa rer l’injustice du sort, qui permettra de refaire un Paris plus beau, plus élégant et plus sain, qui redonnera un instrument de travail aux industries compromises, qui nous enlèvera à tous le remords de laisser des infortunés dans le désespoir, accusant l’égoïsme de leurs concitoyens. Ce serait, d’ailleurs, l’occasion de constituer un fonds de réserve où on devrait puiser toutes les fois qu’il faudra réparer çà et là les malheurs causés par une de ces catastrophes où la nature se complaît parfois, comme si elle voulait se venger sournoisement contre les hommes d’avoir été si souvent par eux domptée et asservie. Ce qui est vrai pour les inondations dans la région parisienne l’est également pour les tremblements de terre du Midi ou pour certains coups de mer de l’Ouest. Pour la réparation de tels désastres, le budget ordinaire est insuffisant et, seule, l’existence d’une sorte de caisse d’assu rance, alimentée par la contribution de tous, apparaît comme un remède effi cace. Est-ce que le bon sens ne suffit pas pour comprendre qu’une perte de cent millions, par exemple, n’est désastreuse et irréparable que si elle frappe dix mille individus en enlevant à chacun une moyenne de dix mille francs ? Supportée par un million de contribuables, elle ne serait sensible pour personne. Accomplissons donc l’effort nécessaire, un effort qui remédiera au chômage, qui donnera un nouvel essor à notre com merce. à notre industrie, à nos cultures, un effort qui, en définitive, ne saurait être considéré comme un sacrifice, mais bien comme un déplacement de capitaux, déplacement fructueux, créateur de nou velles richesses. Car n’apparait-il pas clairement qu’en dehors de toute considération de solida rité et d’équité, tous ont un intérêt maté riel à ce qu uno région de notre pays ne demeure pas longtemps dévastée et, par conséquent, improductive ? En réparant le mal causé par l’inondation, nous aurons fait, par conséquent, une bonne action et une bonne affaire. Et ainsi, F univers entier assistera au spectacle prodigieusement émouvant d’un peuple qui se redresse sous l’adversité, qui se retrempe dans le malheur, qui sort fortifié des épreuves ; et de tout cela, plus que du tonnage de nos cuirassé^ ou du calibre de nos canons, nous tirerons gloire et profit. HENRI TUROT, conseiller municipal de Paris. • • —. ■ — DISCIPLINE VOLONTAIRE...

À propos

La Petite République française – puis socialiste de 1898 à 1905 – fut une feuille républicaine à cinq centimes lancée en 1876 qui connut un succès relatif dans les premières années de la Troisième République. Satellite de La République française de Gambetta, les deux publications deviennent indépendantes en 1878 avant que la diffusion du journal ne s’amenuise à la mort de ce dernier en 1882.

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