Extrait du journal

son cheval, il avait été pris pour un offi cier supérieur déguisé, et dut à cela d'être seulement fait prisonnier. Il n’en est pas .moins vrai qu'il n’avait pas hésité à sau ver la vie de son général, en risquant la sienne. Si, en 1869. le Maréchal Canrobert l’avait proposé pour la Croix, Largentier la mérite plus encore après cette action d’éclat. 11 y a 13 ans qu’il attend cette Croix pour laquelle il a été proposé. Pour toute personne connaissant son courage, il est regrettable de le voir sans cette marque des braves, lui. qui toute sa vie n’a quitté le champ de bataille que pour courir à un autre champ de bataille! Il n’a quitté l’Algérie que pour prendre part à toutes les guerres de l’Empire. La guerre de 1870 terminée, Largentier est rentré chez lui. Sur notre demande, il nous a confié quelques papiers, entre autres son livret, plus une lettre que son Capitaine, prison nier, lui écrit de Breslau. Son livret porte qu'il a été une première fois blessé au front d’un coup de pierre lancée par une fronde, dans le combat du 18 juillet 1856 contre la tribu des Menachas. Une seconde fois, il fut blessé d’un coup de sabre intéressant les ligaments,a 5centimètres au dessusde la rotule droite, le 31 août 1870, c’est-à-dire dans la fa meuse équipée dont j’ai rendu compte et qui se trouve portée comme action d’éclat sur son livret, ainsi qu'il suit : « S’est dévoué, au risque de sa vie, en « donnant son cheval au Général de Failly, « commandant le 5*corps, qui avait perdu « lv sien à la surprise de Beaumont, le 29 « août 1870 » Je me suis laissé entraîner un peu loin, mais n’est-il pas doux de chanter les louanges d’un vieux et brave soldat, de citer à nos fils ce bel exemple d’abnéga tion de soi-même et d’attachement au Drapeau de la Patrie. Puissent-ils, eux aussi, marcher tou jours dans le sillon tracé par leurs aînés et conserver intacts à notre belle France son piestige et sa gloire !...