Extrait du journal

Cette pénurie d’argent et les difficultés de toute nature soit en France soit au dehors, n’ont pas empêché M. de Frey cinet de célébrer, mardi à Toulouse, en un discours pompeux, les bienfaits de la République. Il a fallu que l’auditoire du ministre fût soigneusement trié pour qu’un im portun ne vînt pas troubler l’optimisme intéressé du président du conseil. M. de Freycinet s’est complu à dire que la situation est bonne, ce qui est faux, — que les républicains sont d’ac cord, ce qui est plus faux encore ; — enfin que tout est pour le mieux dans la meilleure des Républiques. L’orateur apprendra bientôt à ses dépens si l’accord des républicains est réel, comme il apprendra aussi, par l’entremise des radicaux, si nous avons le gouvernement idéal qu’ont rêvé les membres de l’Extrême-gaurhe. Déjà le journal de M. Clémenceau, la Justice. ayant à apprécier .e discours ministériel, déclare qu’il ni partage pas les idées qu'il exprime. Cette simple phrase est grosse de menaces pour la stabilité du cabinet, dont l'ancien héros de la défense nationale est le plus bel ornement. On cherchait le cadavre dans le cor tège officiel qui traversait Toulouse et dont l’aspect était d’une tristesse navrante. — Le langage de la Justice prouve, nonseulement que le cadavre existe, mais qu’il est de plus en pleine décomposition. Il faut demander en outre si tout est pour le mieux aux milliers d’énergumènes qui ont emporté d’assaut dimanche, à Carcassonne, l’estrade officielle dressée pour l’inauguration de la statue d Armand Barbés. Ces bandes socialistes qui ont parcouru la ville en déployant bannières et dra peaux rouges, ne doivent pas avoir, à vrai dire, le même programme politique que M. de Freycinet. Les agents officiels, au nombre desquels figuraient le préfet et les sous-préfets de l’Aude, ont dû battre honteusement en retraite devant l’émeute menaçante. Mais aussi qu'allaient-ils lait e en cette...