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Le Gaulois, 29 mai 1924

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Le Gaulois
29 mai 1924


Extrait du journal

et 1a chère Vie Sur une colline dominant la vallée (l'Auge, au milieu des verdures dont le Superbe désordre le masque à demi, il est un pavillon rosé qui tombe en ruines, devant la pelouse, parmi les arbres antiques et d'essences rares, ornements de ce parc abandonné. Sur ce séjour règne le silence léthargique d'un conte de fées. Cette masure abîmée a gardé on ne sa:t quelle grâce, la grâce des aïeules dont le visage reste ravissant, sous les rides. Sa patine fanée, qu'ont éraflée les ans révolus, fait songer aux reflets d'une robe aujourd'hui décolorée et qui fut, jadis, la parure de la jeunesse, aux .temps des fêtes galantes. Devant les vestiges de ce charmant asile, faut-il rêver a quelque aventure romanesque et doucement mélancolique ou bien évo>quer les joyeux rendez-vous de chasse !et les caprices de l'insouciance ? L'ombre qui l'environne est celle du passé. Le présent ne respecte plus tant de beauté. Le seul luxe qu'ait conservé ce paysage est celui du souvenir. Chaque tempête 'déchire la toiture, déjà rapiécée comme .le manteau d'un mendiant. Elle a l'air de fléchir sous l'averse, à la manière d'une bâche cédant sous le poids ,da l'ondée qui s'y accumule. Aux jours de 'Une lumière, les antennes du soleil, s'infiltrant par les fissures, tâtent les murs qu'imbibent lès eaux. Des parquets, soulevés par l'humidité, entre lesquels croissent des champignons, s'exhale une odeur de moisissure. Lamentablement, les lambeaux de tentures nondent aux cloisons, d'où elles se détachent. Les meubles ont sombré dans le désastre. Une chaise rust-que se tient erv 'équilibre sur ses trois pieds, auprès il' une' table vermoulue en bois blanc. En dépit de ce délabrement, des cambrioleurs font là leur visite périodique.. 'Ils ont emporté les* derniers fragments des gouttières, les serrures et jusqu'aux .vitres, qui, pourtant, étaient brisées. 'Après avoir brillé à l'éclat de la richesse, ces débris d'un siècle mort seront la proie de l'inéluctable destin, qui 'Voue les choses il la destruction et les .••{hommes il l'oubli. « Je possède ce site et je l'aime, dira gon propriétaire actuel, et j'assiste en' témoin passif à son écroulement. Ce coin de terre' enchante mes yeux je ne dois plus les porter que sur le verger et 'le labour qui l'environnent. Je ne voudrais que l'admirer et j'ai à l'exploiter. Plutôt que d'obéir à mon sentiment., je subis les lois de la nécessité. -Les joies de l'esprit ne sont plus permises au poète, sans pour le noumr,_et le décor de son œuvre ne vaut'que par ce que lui rapporte le fruit de son labeur. Je passerais pour fol si je peu-, sais à prolonger seulement l'agonie de!' ces pierres, et, au risque d'être déraisonnable, il me faut obéir à des soucis plus matériels. Avant que de relever ee séjour de plaisance, il convient d'entretenir la férme avant que dé m'accorder une satisfaction stérile, le devoir ordonne de me courber sur la rude tâche productrice. Je n'ai plus le droit de n'être point pratique. Il faut vivre d'abord, et la vie est chère »...

À propos

Lancé par Edmond Tarbé des Sablons et Henri de Pène en 1868, le journal de droite Le Gaulois se définit comme un « journal des informations du matin et moniteur de l’ancien esprit français ». Sans surprise, son lectorat, assez limité, appartient essentiellement à la grande bourgeoisie. En 1929, le journal est absorbé par Le Figaro.

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