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Le Petit Journal, 28 août 1891

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Le Petit Journal
28 août 1891


Extrait du journal

librés, etc.) et les paralytiques généraux. Chez ces derniers, affaiblissement des facul tés mentales ; ils ne sont pas perclus des membres, mais perclus du cerveau. Pour les reconnaître, point de doute possible, pas d'hésitation : « Celui-ci est-il fou ou ne l'est-il pas ? » S'il est paralytique général, sa folie éclate aux yeux-. Et cependant le tribunal correctionnel, forcé de juger vite, surtout quand il s'agit de flagrants délits, a-envoyé en prison ces irresponsables dont la place était à l'asile pour être soignés et guéris, si possible. En 1887, 36 condamnés sont reconnus fous après leur condamnation. Parmi eux 17 para lytiques généraux. En 1888, on en compte 47 dont 5 paralytiques généraux; en 1889,35 dont 10 paralytiques généraux. Parmi ces der niers se trouvait une femme. Elle avait été arrêtée,dans le parc , des Buttes-Chaumont. Elle s'était blessée à la jambe en tombant et tranquillement, devant tout le monde, se pan sait, inconsciente. On l'avait condamnée pour outrage public à la pudeur sans voir quel était son état mental. En 1890, 65 condamnés, dont 16 paralyti ques généraux, ont été reconnus complètement aliénés après avoir passé en police correction nelle. Donc les magistrats peuvent se tromper comme, les autres hommes,- plus peut-être que les médecins aliénistes. On ne voit point par conséquent le bénéfice qu'on tirerait- de l'a brogation de la loi de 1838. dette pauvre" loi si attaquée a quelquefois du bon. Elle rend responsables de l'internement du malade deux médecins différents, un médecin en dehors de l'asile, et un médecin en dedans. Elle établit un contrôle des plus sévères, contrôle médical, administratif et judiciaire exercé par des inspecteurs, parle préfet, par le procureur de la République. On peut se plaindre et trouver que ce contrôle est quelquefois mal exercé, mais la faute n'en est pas à la loi ; elle est à ceu$des fonctionnaires qui ne réservent pas. L'auteur du projet de loi demande que les tribunaux soient appelés à examiner les cas d'aliénation mentale ; mais précisément, la loi de 1838 le permet et l'ordonne môme. Il suffit de l'appliquer ; elle dit, -en effet, dans son article 29 : « Toute personne placée ou retenue dans un établissement d'aliénés, son tuteur, si elle est mineure, son curateur, tout parent ou ami pourront, à quelque époque que ce soit, se pourvoir devant le tribunal qui, après les vérifications nécessaires, or donnera, s'il y a lieu, la sortie immédiate. » . Est-ce assez net et assez clair? De plus le procureur de la République a son devoir stric tement, tracé; il doit visiter les maisons de santé à des jours indéterminés, au moins une fois par trimestre. L'asile d'aliénés n'est pas une maison de détention, une prison ; c'est un hôpital où se traitent les maladies mentales. Ceux qu'on sé questre sont des malades qu'il faut guérir, auxquels on fait suivre un traitement. On ne doit .pas l'oublier et on doit exiger que la loi et les règlements soient observés complète ment. On voudrait bien aussi que dans tous les établissements, les progrès réalisés dans, beaucoup de nos asiles soient enfin appli qués. A Sainte-Anne, notamment, dans le service du' docteur Magnan, il n'y a plus de camisole de force. En aucun cas, le malade n'est enchaî né ou ligotté. Quelque furieux qu'il soit, il a la liberté absolue de tous ses mouvements. S'il est trop violent, il est enfermé dans une vaste chambre, toute matelassée, de façon qu'il ne puisse se blesser. Aussitôt revenu à sa demi-raison, il reprend sa place dans l'asile. Que n'en est-il partout de même ? Pourquoi userencore envers desmalades de l'inutile, de la dangereuse, de la barbare camisole de force et pourquoi, à Bicôtre, conserver cette horri ble cage qu'on appelle «la sûreté», où, comme des bêtes féroces, tournent des malheureux séparés du monde par une grille, semblable à celles do la ménagerie du Jardin des Plantes. Les aliénés ne sont plus enchaînés, mais dans quelques asiles ou maisons de santé, on les ligotte ou on les met en cage, la belle avance! Puisque la loi de 1838 prescrit des enquêtes...

À propos

Fondé en 1863 par Moïse Polydore Millaud, Le Petit Journal était un quotidien parisien républicain et conservateur parmi les plus populaires sous la troisième République. Le journal jouit vite d’un succès commercial sans précédent, renforcé par la publication de divers suppléments, parmi lesquels son célèbre « supplément du dimanche » ou encore Le Petit Journal illustré. La publication s’achève à l’orée de l’année 1944.

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