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Le Temps, 25 février 1892

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Le Temps
25 février 1892


Extrait du journal

On "peut apprécier de bien des façons la crise actuelle, mais ce qui s’en dégage avec une éclatante évidence, c’est la nécessité pour tout homme politique d’aborder de front la plus grande question qui puisse se poser devant la conscience moderne, celle des rapports de la société laïque et-de l’Eglise, afin de lui donner une solution claire et pré cise. Il est impossible de vivre ôu plutôt de vivoter dans une perpétuelle incertitude et sous une perpétuelle menace, sans savoir au juste si dans quelques mois, dans quelques jours, par un caprice de la Chambre, le ré gime du Concordat ne sera pas plus ou moins compromis. Or, la séparation, tout le monde est bien forcé de le reconnaître, le pays n’a jamais indiqué, non seulement qu’il la souhaitât sur l’heure, mais même qu’il fût disposé à s’y acheminer. Et tant qu’il n’aura point manifesté une autre volonté, c’est-à-dire tant qu’il n’aura pas envoyé au Parlement une majorité séparatiste, il n’y aura, suivant nous, pour un gouvernement digne de ce nom, qu’une politique vraiment républicaine, vraiment loyale et vraiment pratique. Cette politique doit être, d’abord vis-à-vis du Saint-Siège et vis-à-vis dès catholiques, une politique d’indépendance. Nous pouvons être très indépendants parce que nous sommes devenus forts. Ah ! sans doute, dans les années de luttes pour l’existence, alors que nos institutions recevaient à tous moments de formidables assauts, l’essentiel était de les repousser : il fallait donc subir la loi des circonstances, combattre certaines passions et compter avec certaines autres, et comme les passions religieuses sont les plus violentes et les plus redoutables de toutes, on était obligé, de part et d’autre, de supporter leur domination.il n’en est plus ainsi aujour d’hui. rLes anciens partis confessent euxmêmes leur impuissance ; définitivement victorieuse à l’intérieur, estiméeou respectée à l’extérieur, la République ne dépend plus désormais que d’elle-même ; elle a, dès lors, le droit et le pouvoir de faire, comme elle l’entend, sans aucune intrusion étrangère, quelle qu’elle soit, sa politique religieuse. Et cette politique ne peùt être qu’une politique conforme à l’esprit moderne, une politique établissant la séparation effective ae l’Etat et des différentes confessions religieuses. C’est cette séparation ëffective, beaucoup plus importante que la séparation no minale, et que, de plus, la séparation nominale rendrait probablement fort difi-...

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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