Écho de presse

Lorsque la presse s'était mis en tête de conseiller les jeunes femmes

le 04/06/2018 par Marina Bellot
le 17/11/2016 par Marina Bellot - modifié le 04/06/2018
L'Ouest-Eclair ; 4/09/1924 - Source : BnF RetroNews

Dans les années 1920, le journal L'Ouest-Eclair prodigue chaque semaine à ses lectrices des conseils en tous genres, entre conservatisme et modernité.

Dans les années 1920, L’Ouest-Éclair s’est adressé chaque semaine aux jeunes filles, leur prodiguant conseils et astuces. Mode, lecture, sorties, éducation physique, recettes… La page de la jeune fille dresse un tableau éloquent des mœurs et des préoccupations de l’époque, entre conservatisme et mouvement d'émancipation des femmes.

Ce 4 septembre 1924, L’Ouest-Éclair interpelle les jeunes filles qui souffrent de solitude, "celles qui entendent guérir, et non chérir leur peine". L'auteur de l’article qui signe "AMIE" se fait tout à la fois philosophe, coach et psychologue :

"Les regrets sont stériles, ils ne mènent à rien, les désirs sont imprécis ou jamais satisfaits, les inquiétudes et les appréhensions de ce qui arrivera sont inutiles, ne se réalisant pas la plupart du temps. Autrement dit le passé est fini, puisqu'on ne peut rien y réparer ou refaire ; l'avenir ne nous appartient pas. Donc la sagesse est de nous amputer du passé et de l'avenir, du passé qui n'existe plus, et de l'avenir qui n'existe pas encore. (...)

Mais le présent est la vie même ; et la vie est action. Il faut donc s'occuper ; le travail est la première manière d'ignorer la solitude. Travail d'État, travail d'intérieur, mais aussi, je le répète, travail intellectuel. Faire le ménage, coudre, raccommoder, sont choses nécessaires, mais qui laissent l'esprit libre ; celui-ci prend alors la clé des champs, part en campagne, et volontiers va ressassant le leitmotiv que vous connaissez : « Je suis malheureuse, je suis seule, la vie est injuste ». Il faut donc lui donner chaque jour, le contre-poids, sinon d'études, du moins, de lectures. Lectures qui le distraient, et lectures qui le nourrissent, les deux l'enlevant, au repliement sur soi, et le peuplant d'observations justes et d'idées saines."

L’Ouest-Éclair gardera longtemps cette proximité avec son lectorat féminin, lui ouvrant ses colonnes via une rubrique qui rencontrera un grand succès dans les années 30 : "Nos lectrices nous écrivent".