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Les Inondations de 1856

le par - modifié le 05/08/2020
le par - modifié le 05/08/2020

La fin mai et le début juin 1856 sont marqués en France par une crue des grands fleuves d'une ampleur exceptionnelle. Les inondations surprennent la population, complétement dépassée.

Des crues d’une ampleur exceptionnelle

Durant tout le mois de mai 1856, les pluies ont été incessantes sur l’ensemble du territoire. En Normandie, des orages ravagent des cultures selon Le Journal de Rouen tandis que Le Courrier de l’Eure parle d’ « une pluie diluvienne ». À Orléans, une pluie d’orage a rendu plusieurs rues impraticables.
 
Le 23 mai 1856, La Presse annonce que les eaux ont inondé pendant plusieurs jours les prairies de Sotteville et de Quatre-Mares.
 
Dès les premiers jours du mois de juin, les eaux de la Loire et de ses affluents atteignent des niveaux jamais atteints. La crue de la Loire recouvre près de 100 000 hectares, détruisant près de 23 kilomètres de digues et causant la mort de plusieurs dizaines de personnes. Plusieurs villes sont submergées, comme celles de Blois et de Tours. L’inondation des carrières des ardoisières de Trélazé provoque l’arrêt de la production durant plusieurs mois.
 
La situation est également alarmante dans la vallée du Rhône, comme à Arles. Tarascon est particulièrement touchée, l’eau s’étant élevée à trois ou quatre mètres. Le 3 juin 1856, une partie des remparts d’Avignon est emportée. Particulièrement touchés, plusieurs quartiers sont dévastés. En raison des montées subites des eaux, les sinistrés trouvent refuge dans les arbres ou sur les toits des maisons, comme à Saint-Père où, le 21 mai 1856, des habitants ont été obligés de monter leurs bestiaux au grenier.
Inondations du Rhône à Lyon et Avignon, 1856 - source : Gallica-BnF

Napoléon III visite les sinistrés

L’ampleur des dégâts est telle que l’empereur Napoléon III entreprend dès le 1er juin 1856 une série de visites afin de se rendre auprès des sinistrés. En quête de reconnaissance et de légitimité, rendu impopulaire en raison de la guerre de Crimée, Napoléon III se saisit de l’occasion pour aller au plus près de la population française. De nombreux chefs d’État du XIXe siècle voient dans de tels voyages des occasions de gagner en popularité sans se risquer sur un champ de bataille.
 
Napoléon III commence par les villes sinistrées du Midi. Il se rend ainsi à Dijon, Lyon, Valence, Avignon puis Arles. Son passage à Tarascon a été immortalisé par le peintre William Bouguereau.
 
Après son périple méridional, Napoléon III se rend sur les bords de la Loire les 6 et 7 juin, notamment à Trélazé pour une visite symbolique et hautement politique. Fortement touchée par l’inondation de la vallée de l’Authion, la commune constitue une étape d’importance pour l’empereur qui veut restaurer son image ternie par la répression du mouvement de la Marianne (1855).
Le quartier des Brotteaux, à Lyon, dévasté par les inondations, 1856 - source : Gallica-BnF

Les mesures prises

Durant les inondations, de nombreuses personnes portent secours aux sinistrés. Ces gestes sont relayés par la presse. Des aides personnelles et des souscriptions sont lancées en faveur des victimes, comme celle du Figaro. L'impératrice Eugénie lance de même une souscription d'aide dans les mairies du département de la Seine,  le prince Jérôme souscrit ainsi pour la somme de 10 000 francs, le Conseil municipal de Paris alloue quant à lui 100 000 francs.
 
Des mesures sont également prises par le gouvernement qui débloque des crédits pour l'aide aux victimes et pour la reconstruction. Par le décret impérial du 2 juin 1856, Napoléon III alloue 300 000 francs à Lyon. Aucune ville ou département sinistrés ne sont oubliés. Alors qu’il est à Orléans, l’empereur fait débloquer 100 000 francs sur le Trésor et fait également un don personnel de 20 000 francs. 
 
De même, 27 millions de francs sont débloqués pour la réparation des ouvrages d'art, tels que des ponts, des églises, des fontaines endommagés par les eaux.
 
Une réflexion est également menée afin de pouvoir prévenir ces crues. On s’interroge rapidement sur les causes des inondations.
 
Le journal Le Siècle en relève quatre principales : « le déboisement excessif, l’état des routes et chemins, qui, devenus imperméables, rejettent les eaux dans les fossés pratiqués sur leurs bords ; le creusement des fossés dans les propriétés particulières, le mode de division et de labourage des terrains en pente ». De nombreux scientifiques et ingénieurs proposent des moyens afin de prévenir un tel événement, comme Charles Chauvelot.
 
Selon le journal Le Siècle, le véritable remède réside dans « l’encaissement et la canalisation des fleuves » tandis que La Presse défend le drainage.
Les remparts à Avignon, après la crue, 1856 - source : Gallica-BnF

Louis-Napoléon Bonaparte (1808-1873)

Fils de Louis Bonaparte et d’Hortense de Beauharnais, il mène une jeunesse aventurière dans les années 1830. Il tente deux coups d’État contre la monarchie de Juillet à Strasbourg en 1836 et à Boulogne en 1840. Emprisonné au fort de Ham, son évasion en 1846 lui vaut le sobriquet de Badinguet. Élu aux élections législatives de 1848, il devient président de la République la même année. Il met fin à la IIe République par un coup d’État militaire le 2 décembre 1851 et instaure le Second Empire qui perdure jusqu’à la défaite de Sedan (1870).

Louis-Napoléon Bonaparte muni d'un jeu de cartes, estampe - source : Gallica-BnF