Extrait du journal

Lagos est une.île sise dans le voisinage du littoral ouest-africain, à peu près sous la même longitude qu'Alger, mais dans des régions infiniment plus voisines de l'équateur. Cherchez-la presque en face de la li mite qui sépare le Bénin du Dahomay, et si votre carte est bonne, vous l'y trouVêrez ; sinon^ Lagos y figurera comme une ville importante placée sur la côte, à l'embou chure d'une rivière portant le même nom. Quoi qu'il en soit, l'île de Lagos avait un rai qui était à la fois, paraît-il, un usurpa teur et un trafiquant d'esclaves. Comment il se nommait, l'histoire ne le dit pas; mais elle raconte qu'il y a dix ans, l'Angleterre, cette grande île, s'occupa de Lagos, sa con génère insignifiante, mit à bas l'usurpateur en question, et lui donna pour successeur le représentant des princes légitimes, à sa voir l'illustre Docemo. Sur l'étiquette du sac, on peut se' représenter ce monarque africain, avec un hausse-col pour diadème, des bouchons de carafe pour diamants, des boites à l'écuyère pour pantalon, dormant sur les chaudes grèves de son île, à l'ombre d'un parasol de lataniers et au,milieu d'un harem terre-de-Sienne brûlée. Il y dort sur la foi des traités et se confiant au bon vouloir de lord John Russell, qu'on lui a dit être le mari de la reine Vic toria. Un beau jour cependant, lord John Russell, préoccupé de sentiments philantropiques, signa avec l'Amérique ce "traité récent destiné à détruire le trafic du # b'ôis ."ébène, » et qui admet/dans les rapports des deux grandes nations, le fameux droit de visite, naguère encore si obstinément débattu. Ce jour-là, jetant les yeux sur la carte, le ministre anglais aperçut Lagos. Voir, c'est avoir, dit la chanson, et il paraît-...