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La Presse, 16 juin 1862

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La Presse
16 juin 1862


Extrait du journal

Nous venons de recevoir et nous avons eu le courage de lire jusqu'au bout l'allocution prononcée par le pape, le 9 juin, jour de la canonisation des martyrs japonais, "et l'adresse des évêques en .réponse à cette allocution. Nous publions l'Allocution, et nous la publions, aujourd'hui du moins, sans co-mmentaire, tout commentaire ne pouvant qu'affaiblir l'effet qu'elle produira sur les lecteurs impartiaux. Dans une cérémonie d'une solennité calculée, le pape prend la parole et s'a dresse au monde catholique. Est-ce pour exprimer des sentiments de paix, de cha rité, de conciliation? Non. Le chef suprê me d'une religion de désintéressement ne s'occupe que de politique et d'intérêts ma tériels. S'il s'adresse au sacerdoce, ce n'est pas pour lui rappeler ses devoirs spiiituels, c'est pour louer ceux qui, oubliant leur mission, se sont faits les instruments des ennemis de leur pays, pour les encourager à persévérer dans leur hostilité contre l'in dépendance et l'unification de l'Italie. Les faits accomplis par la volonté des populations sont considérés comme des violations sacrilèges du droit. Le pape-roi renie le peuple eî se sépare politiquement, de lui; il s'obstine à confondre en un seul principe deux principes et deux intérêts essentiellement distincts : les intérêts spi rituels et les intérêts mondains, la pouvoir civil et l'autorité sacerdotale. La piupart des.grandes puissaiftes ont reconnu le royaume d'Italie? Ces puissan ces, Rome les brave et leur signifie que sa résistance est inflexible. « Toutou rien, » telle est sa devise. Pas un mot de paix, de concorde, d'abnégation. Et le langage de l'Allocution est bien approprié aux senti ments qu'il exprime. Les défenseurs de la liberté et de l'indépendance des peuples sont « des artisans de fraudes et des fabricateurs de mensonges, » ils « souillent tonte science, » ils répandent « dés poisons mor tels, » ils favoriseht « une licence effrénée,» leur « impudence » est extrême; ils sou tiennent des « dogmes pervers, » « leur mé chanceté n'a d'égale que leur sottise ; » ils attaquent le ciel etveulent# supprimer Dieu lui-même, » ils mettent* toute la morale et l'honneur à accumuler les richesses par quel que moyen que çe soit, et à assouvir toutes les passions dépravées. » En conséquence, le pape invite les évêques à empêcher les fidèles de lire les livres et les journaux de ces écrivains pernicieux, qui ajoutent* les mensonges aux mensonges et les délires aux délires. » Il n'y a, dans le monde entier, ni un seul gouvernement ni un seul parti qui ne crai gnît de se compromettre par l'emploi d'un...

À propos

La Presse, fondé en 1836 par Émile de Girardin, fut l’un des premiers grands quotidiens populaires français.

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