Extrait du journal

M. Marcel Renault ayant été déclaré vain queur de la course » Paris-Vienne », il paraît que nous devons en ressentir une grande joie, parce que sa voiture est de fabrication fran çaise. C'est pourquoi, mon devoir étant de me réjouir, je me réjouis ; et si je n'apporte pas Plus de forces à la manifestation de mon allé gresse, ce n’est pas par dépravation naturelle et absence de tout sentiment national, mais seu lement parce qu’il fait chaud, et que la chaleur diminue en moi d’une manière regrettable les facultés de l’enthousiasme. Pour être tout à fait sincère, je dirai que c’est hier seulement, à la lecture d’un article du triomphateur, que mon plaisir a atteint son maximum de vitesse et de développement. Un grand journal du matin a demandé, en effet, au lauréat le récit de ses impressions de voyage. Impressions de voyage d’un coureur automobiliste... Cette circonstance nous a valu une petite note explicative, que par une sage précaution notre confrère a mise en tête du récit. Un nous y prévient — avec ménagement — de ne pas nous affliger si nous ne trouvons pas dans ces trois colonnes les descriptions auxquelles tant de souvenirs de voyages nous ont accoutumés : « Le sympathique chauffeur, tout à la ma nœuvre de son véhicule, n’a pas eu le loisir de jouir du paysage. » J ai relu cet avertissement, je l’ai relu et ad miré en songeant toutefois avec un peu d’a mertume que le fait qu'il ait semblé nécessaire -doit m’inviter à la modestie et me donner une opinion peut-être juste, mais humiliante, de la subtilité de mes contemporains. J. H....