Généalogie

Un prix ou une médaille dans la famille ? Dénichez-les dans RetroNews !

le 11/09/2023 par Tony Neulat
le 13/06/2023 par Tony Neulat - modifié le 11/09/2023

La découverte d’un aïeul dans la presse ancienne est chaque fois la source d’une grande satisfaction pour le généalogiste. Mais lorsque cette mention fait référence à un prix ou une récompense, le plaisir prend une nouvelle coloration : il se teinte de fierté.

« Se glorifier de ses ancêtres c'est chercher dans les racines des fruits que l'on devrait trouver uniquement dans les branches. » nous enseigne Madame Roland, une femme de lettres du XVIIIe siècle. Certes, mais découvrir, à la lecture d’un extrait de journal, qu’un membre de sa famille s’est vu décerner une médaille, un prix ou une récompense quelconque, n’en est pas moins gratifiant. Or, les occasions de s’illustrer ne manquaient pas pour nos prédécesseurs : prix scolaires, concours divers, exploits militaires, médailles professionnelles, etc. Passons-les en revue.

Les prix et récompenses scolaires

Quel que soit le niveau d’études atteint, du certificat d’études primaires au diplôme universitaire en passant par le baccalauréat, la liste des diplômés était fréquemment publiée dans les périodiques locaux. Elle précise généralement le nom de l’école ou sa ville d’implantation, les noms et prénoms des reçus, voire la mention obtenue. Par ailleurs, un étudiant était susceptible de décrocher de nombreux prix au cours de sa scolarité, en lien avec une matière enseignée ou un concours particulier : prix de morale, mathématiques, physique, comptabilité, histoire, langue, récitation, musique, dessin, etc. Aussi découvre-t-on, dans le XIXe siècle du 24 juillet 1906 que Mlle Neulat, élève à l’école nationale des Arts décoratifs, obtient le prix de la direction des Beaux-Arts pour son dessin d’architecture :

Les journaux de l’époque relaient volontiers de tels palmarès, avec plus ou moins de précision quant aux élèves. Ils sont parfois accompagnés de précieuses photographies de la cérémonie. Voici quelques exemples pour fixer les idées : le Courrier de Saône-et-Loire du 9 août 1880, L’Echo d’Alger du 11 juillet 1936, ainsi que Le Progrès de la Somme du 7 août 1939.

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Les résultats de concours

De tout temps, de nombreux concours, officiels ou non, ont été organisés dans des buts divers : sélectionner les meilleurs d’une discipline, animer la vie locale, fidéliser une clientèle via de la publicité déguisée… Concours agricoles, sportifs, professionnels, ludiques, etc. se succèdent ainsi et les bilans de ces compétitions de toute nature font généralement l’objet de listes nominatives dans la presse locale. Les candidats, ou simplement les vainqueurs, sont alors identifiés plus ou moins précisément : par un nom, un prénom, voire une adresse. Leurs résultats (rang, score) ainsi que les prix décernés sont également mentionnés. Les grands gagnants figurent parfois même en photo ! Voici quelques morceaux choisis.

Le 31 juillet 1929, le Centre-Express publie les résultats du championnat du Berry 1929 de sténographie et de dactylographie. On y apprend que Mlle Blin Thérèse décroche le premier prix de lecture dans le cadre de l’épreuve à 60 mots.

Dans l’Aveyron, un concours de labourage en date du 21 novembre 1893 fait l’objet d’un compte-rendu circonstancié dans Le Cultivateur aveyronnais du 24 décembre 1893 : Baptiste Neulat, laboureur à la Guilhone, ne figure pas parmi les 5 lauréats mais est néanmoins jugé digne d’une mention.

Dans la même veine, de nombreux concours agricoles sont organisés à Buzançais, dans l’Indre, le 17 mai 1937 : des médailles de vermeil, d’argent ou de bronze ainsi que des diplômes sont accordés aux « vieux serviteurs » ; des éleveurs se voient décerner des prix pour leurs bestiaux, catégorisés par espèce (ovine, caprine, chevaline, bovine) et sexe (mâle, femelle). L’Indépendant du Berry du 26 mai 1937 en dresse un palmarès détaillé :

On y découvre de précieux renseignements généalogiques et biographiques tels que :

  • M. et Mme Jean Poiron sont depuis 24 ans au service de M. Louis de Bellefond, à Vilvassol, Buzançais.
  • M. Boisjot Firmin, de La Maison-Rouge à Chézelles a obtenu plusieurs prix pour ses vaches : le premier prix des femelles de race normande et les premier et second prix des génisses de race normande.

Autre événement majeur de la vie locale, avec une touche de délicatesse en sus : l’élection des madelons ou rosières, destinée à récompenser des jeunes filles pour leur réputation de vertu (voir un précédent article pour plus de détails). Ces élections, qui s’accompagnent parfois de plusieurs jours de festivités, sont relatées dans le menu détail par les journaux locaux (ex : La Dépêche du Berry du 11 juin 1935.

La liste pourrait être prolongée à l’infini : tournois sportifs, concours de châteaux de sable, de panneaux décoratifs, concours artistique, etc. mais évoquons plutôt un autre type de compétition. Car les journaux ne se contentent pas de relayer les classements de divers concours : ils en sont parfois les instigateurs. Il peut s’agir de concours de mots-fléchés comme de concours de devoirs de vacances comme l’illustre cet article du Petit Marseillais du 11 mai 1939 :

Les noms, prénoms et ville de résidence des heureux gagnants sont ainsi listés dans le journal. D’autres concours, plus légers, peuvent être organisés, comme celui de L’Echo d’Alger du 7 avril 1914. Au-delà de lister des milliers d’hommes et femmes en précisant leurs noms, prénoms et adresses, ce concours ne manque pas d’attrait pour s’imprégner des mentalités de l’époque. En effet, il s’agissait de répondre à deux questions :

  • Quelle est la couleur de cheveux que vous aimez le plus chez la femme / l’homme ?
  • Parmi les 30 qualités ou avantages cités, quels sont les cinq que vous préférez chez une femme / un homme ?

Le verdict en image dans L’Echo d’Alger du 12 avril 1914 :

Les résultats seraient-ils les mêmes de nos jours ?

Les médailles et récompenses officielles

Mais revenons à des sujets plus sérieux. Diverses médailles ou récompenses officielles ont été créées au fil des décennies pour valoriser et gratifier certaines actions jugées utiles à la société ou à la patrie. Les listes des bénéficiaires sont à rechercher dans les publications officielles (Bulletin des Lois, Journal officiel, bulletins municipaux, etc.) ou dans les journaux locaux.

La Légion d’honneur, la médaille militaire ou la croix de guerre viennent spontanément à l’esprit. Les décrets publiés au Journal officiel peuvent se révéler très instructifs comme évoqué dans un précédent article et comme l’illustre cet exemple tiré du Journal officiel du 5 février 1919 :

« (Pour prendre rang du 18 octobre 1918)

NEULAT (Célestin-Clément), mle 8719, soldat (réserve) à la 3e compagnie de mitrailleuses au 77e régt. d’infanterie : excellent soldat brancardier, volontaire pour les missions périlleuses. Le 9 juin 1918 a fait preuve de beaucoup d’allant et d’intrépidité en transportant des blessés sous un violent bombardement. A été blessé grièvement au cours de sa mission. Enucléation de l’œil droit. Deux citations. »

En outre, une multitude de médailles professionnelles ou « médailles d’honneur » ont vu le jour au fil du temps pour différents métiers : médaille d’honneur agricole, mérite agricole, médaille d’honneur des chemins de fer, médaille d’honneur en récompense d’actes de courage et de dévouement (police), médaille d’honneur des épidémies, médaille d’honneur du travail accordée aux ouvriers et employés, récompenses de la mutualité (P.T.T.), palmes académiques (officier de l’instruction publique ou d’Académie), etc. Décernées par le Ministère du travail ou le Ministère du commerce et de l’industrie, ces médailles font l’objet d’un décret dans le Journal officiel, lequel mentionne les nom et prénoms de l’intéressé, sa profession, son affectation, la nature de la décoration, la date du décret. Les bénéficiaires y sont listés par département puis par ordre alphabétique. Voici un exemple du Journal officiel du 2 février 1931 relatif à Henri-François Neulat :

Quant au Journal officiel du 28 février 1949, il nous révèle à la page 2180 que l’agriculteur précité, Firmin Boisjot, demeurant à Chézelles (Indre) est nommé chevalier du mérite agricole en 1949.

Enfin, le panorama ne serait pas complet si l’on occultait la médaille de la famille nombreuse alias « médaille de la famille française ». Même si la mention dans le journal y est systématiquement laconique, elle n’en est pas moins précieuse du point de vue généalogique. En témoigne cet extrait de L’Auvergnat de Paris du 27 août 1927 relatif à mon arrière-grand-mère :

« LOT
MEDAILLES DE LA FAMILLE FRANCAISE
La médaille de la Famille française est attribuée aux mères de famille du Lot dont les noms suivent :
...
Médailles de bronze :
...
Mercadier, née Couderc, à Beauregard, 7 enfants »

Les actes de courage et de dévouement

Les publications officielles locales (bulletins municipaux, rapports et délibérations de conseils généraux) peuvent également faire état de médailles d’honneur ou de mentions honorables en récompense d’actes de courage et de dévouement. Le Bulletin municipal officiel de la ville d’Alger du 5 janvier 1906 nous dévoile ainsi une action d’éclat de Célestin François Neulat :

« Département d’Alger
Médailles de bronze

Neulat (Célestin-François), agent de police à Alger : le 20 juin 1905, à Alger, a abattu un chien enragé. Le 14 juillet suivant a arrêté un cheval emporté. »

De manière similaire, le Journal de Saint-Jean-d’Angély du 6 mai 1877 met en exergue 3 actes de dévouement survenus en mars 1877 :

Lorsque les « héros » sont des fonctionnaires zélés qui se sont distingués dans le cadre de leurs missions, ces actes de courage ou de dévouement peuvent donner lieu à des primes. Le policier Célestin Neulat reçoit ainsi une « gratification de 130 francs pour saisies de viande provenant d’abats clandestins » d’après Le Mutilé de l’Algérie du 12 août 1923.

Ainsi, en témoigne cet échantillon de coupures de presse, les journaux de l’époque, mais aussi les publications officielles, regorgent de listes nominatives particulièrement utiles pour retrouver la trace d’un membre de sa famille. Véritables réservoirs d’histoires, ils permettent, au travers des prix, récompenses et décorations accordés à nos prédécesseurs de saisir sur le vif quelques-unes de leurs actions remarquables, et ce faisant, de leur rendre un nouvel hommage.

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Passionné de généalogie depuis l’âge de douze ans, Tony Neulat est rédacteur dans La Revue française de généalogie et membre de la European Academy of Genealogy. Il partage, depuis 2009, son expérience et ses conseils à travers ses publications et ses formations. Il est également auteur des guides Gallica et RetroNews : deux eldorados généalogiques, Retrouver ses ancêtres à Malte et Trouver des cousins inconnus ou perdus de vue.