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1950 : vers une « révolte des robots » ?

le 24/10/2023 par V
le 02/02/2023 par V - modifié le 24/10/2023

A l'orée des années 1950, la cybernétique fascine, nourrissant aussi bien fantasmes que cauchemars sur le thème des robots intelligents et humanoïdes. Ces machines douées de raison seraient-elles à même de prendre une improbable revanche sur leurs créateurs ?

Le 14 mai 1950, le magazine du MLN V s'inquiète des progrès amenés par les découvertes du mathématicien Norbert Wiener, père de la cybernétique et théoricien pionnier de l'intelligence artificielle. Se dirige-t-on vers un monde peuplé d'« hommes mécaniques » doués de raison ? Nos technologies pourraient-elles bientôt nous dépasser, jusqu'à nous contraindre ? Autant de questionnements toujours pertinents quelque sept décennies plus tard.

Les « robots », représentants d’une civilisation mécanique hallucinante comme un rêve de Wells seront-ils demain les maîtres du monde ?... Norbert Wiener, du « Massachusetts Institute of Technology » de Boston, affirme que la pensée humaine n’est pas autre chose que l’aboutissant d’un jeu de contrôles de lignes de communication électriques du cerveau, d’où le nom de cette nouvelle science, la « cybernétique ». A un certain degré de perfectionnement qui est encore fort loin d’être atteint les « robots » ne seraient plus seulement des « hommes mécaniques » incapables d’agir selon leur propre détermination, mais de véritables « mécaniques pensantes » supérieures à bien des égards aux cerveaux humains.

Mais avant de voir des armées de géants d’acier se ruer les unes contre les autres dans un choc gigantesque, ne risque-t-on pas de voir l’humanité anéantie par les « robots » sortis de ses mains ?... N’a-t-on pas déjà remarqué certains phénomènes extraordinaires, tels par exemple que des « cerveaux électroniques » gardant obstinément la « mémoire qu’on voulait leur retirer et des « robots » se retourner contre leur créateur... et l’assassiner !

En 1933, un ingénieur de Chicago, Roland Schaeffer, mettait la dernière main à un automate. Ce robot construit dans le secret avait l’apparence d’un chevalier du Moyen Âge, pouvait exécuter tous les mouvements. Schaeffer, par des améliorations successives parvint à le faire travailler.

Mais que pensait ce « robot ? » Était-il aussi bon que le disait Schaeffer qui ne tarissait pas d’éloges sur son compte ?... Hélas ! la réponse devait venir un jour et l’inventeur devait assister terrifié à la révolte de celui qu’il appelait « son fils ». Que se passa-t-il exactement ?...

II est difficile de le dire car l’inventeur travaillait seul avec « son robot » dans un laboratoire soigneusement fermé.  Selon les résultats de l’enquête de police, il était assis devant son bureau, quand un mouvement insolite lui fit tourner la tête. Il vit l’automate marcher sur lui, armé d’une masse de fer. Stupéfait Schaeffer ne réalisa pas ce qui arrivait et il est douteux qu’il ait pu esquisser un mouvement de défense avant d’être frappé en plein front. Ainsi fut commis le premier crime des « hommes mécaniques ».

L’enquête conclut à la mise en action accidentelle du « robot », qui se serait écroulé après que ses accumulateurs se soient épuisés. Ce fut aussi l’avis du frère de Schaeffer qui reprit ses études et construisit un autre « robot » encore plus perfectionné. Ce nouvel « homme mécanique » fut présenté à un aréopage de savants à Chicago. Mais Jack Schaeffer eut un jour l’intuition que son « robot » devenait méchant et peu soucieux de connaître le sort de son frère, il préféra anéantir l’homme d’acier qu’il avait construit.

Les années ont passé et de nouveau les hommes se sont attelés à la création de super-hommes d’acier. Les résultats sont extraordinaires et ils autorisent les hypothèses les plus folles quant à l’avenir, mais les hommes auront-ils la sagesse de s’arrêter à temps ?... Ou bien la révolte des robots, cette anticipation romanes que deviendra-t-elle demain une réalité ?